La vérité est le fondement et la raison de la perfection et de la beauté ; une chose de quelque nature qu’elle soit, ne saurait être belle et parfaite si elle n’est véritablement tout ce qu’elle doit être, et si elle n’a tout ce qu’elle doit avoir.

            François, duc de La Rochefoucauld (1613-1680)

INTRODUCTION

« Le beau est la splendeur du vrai. »

Le terme grec de philocalie = φιλοκαλία = signifie l’amour de la beauté : ἡ φιλία τοῦ κάλλους. Substantif formé sur le verbe composé, d’époque classique, φιλοκαλεῖν, qui veut dire aimer les belles choses, il apparaît dès le Ier siècle av. J.-C. dans la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile, puis chez Philostrate, au IIIe siècle de notre ère. C’est donc un mot de grec tardif, qui, à partir du siècle suivant, connaîtra dans la littérature patristique notamment un essor considérable, destiné à se maintenir, des siècles durant et ce jusqu’aujourd’hui, dans la langue de l’Eglise et des fidèles orthodoxes en particulier. 

Afin d’en pénétrer toute la richesse, il faut s’arrêter sur les deux mots le composant : ἡ φιλία et τὸ κάλλος. Correspondant à affection et imparfaitement rendu par amitié, tant le terme grec est riche de sens, hè / i philia peut désigner quatre formes d’amour : 

  1. L’amour naturel ou parental, qui unit les êtres d’un même sang ;
  2. L’amour des hôtes, l’hospitalité étant une qualité importante dans le monde antique ;
  3. L’amitié proprement dite, soit l’affection que l’on éprouve pour ses amis ;
  4.  L’amour érotique enfin, lié au désir amoureux.