HONORER LES AÎNÉS

ÉLÉMENTS HISTORIQUES, LEXICAUX ET BIBLIOGRAPHIQUES 

Les modèles de sainteté : Abbagérondas, père spirituel.

Le terme grec de gérondas / ο γέροντας (prononciation moderne : yérondas) – qui correspond au russe starets –dérive du substantif grec ancien ὁ γέρων (cas nominatif), τοῦ γέροντος (cas génitif), que l’on trouve déjà dans les poèmes homériques (VIIIe siècle avant J.-C.), dans le sens de vieillard 1Iliade, chant 1, vers 26 & Odyssée, chant 3, v. 226. . Par la suite, employé souvent au pluriel avec idée de dignité, ce terme désigne, toujours chez Homère, un ancien : οἱ γέροντες sont les vieillards dans l’acception d’anciens, soit le groupe des chefs formant le conseil d’un roi 2Iliade, chant 2, vers 53 & ch. 4, v. 344, ainsi que Odyssée, chant 2, v. 14, etc..

Quant au mot de grec ecclésiastique abba, c’est à l’origine un « terme araméen qui confère au nom ab, père, une connotation plus familière, affectueuse même et possessive, rendue en français par l’expression “mon père” ou “notre père”. Il est employé pour la première fois dans la Bible par l’évangéliste Marc (14, 36), qui rapporte la prière que Jésus adresse à Dieu dans le jardin de Gethsémani durant la veillée d’agonie précédant son arrestation et sa crucifixion. Le Christ s’adresse bien à Dieu, son Père, et le mot révèle l’intimité qui L’unit à Lui. 

Or, par le Christ, les chrétiens sont eux aussi admis dans cette intimité divine. C’est ce que souligne l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains 8, 15 : “Vous avez reçu un esprit d’adoption qui vous fait crier : Abba, Père”, et dans l’épître aux Galates 4, 6 : “Parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de Son Fils, qui crie : Abba, Père !”

Abba a donné dans notre langue le nom d’abbé, qui désigna d’abord le père d’une communauté monastique, puis, plus généralement, tous les ecclésiastiques que leur état destine à agir en père, au nom de Dieu, à l’égard des autres hommes. L’usage récent, qui tend à remplacer abbé par père, même dans les relations habituelles entre les chrétiens et leurs prêtres, n’est en somme qu’un retour aux sources. » 3André-Marie GÉRARD, Dictionnaire de la Bible, Paris, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1989, s.v.

Cela étant précisé, qu’appelle-t-on gérondas, et, au pluriel, gérondes ? Qui sont ces anciens dans la Tradition chrétienne ? A l’origine, ce sont des hommes, des femmes aussi, telles sainte Synclétique 4Sainte Synclétique*/ Ὁσία Συγκλητική, dont la famille pieuse et aisée, d’origine macédonienne, s’était établie à Alexandrie, naquit en 270 (ou, selon certains, en 340 !) et mourut à plus de quatre-vingts ans, soit durant le patriarcat de saint Athanase le Grand (296-373), qui rédigea sa Vie, ainsi que celle de saint Antoine. Considérée comme la fondatrice du monachisme féminin, elle exerça sur les moniales rassemblées autour d’elle un rayonnement spirituel comparable à celui de saint Antoine le Grand. S’étant vouée corps et âme à Jésus Christ, le divin Epoux, s’imposant la plus grande ascèse, elle exerça avec abnégation l’amour du prochain, soulageant tous les pauvres et déshérités que Dieu mettait sur son chemin après la mort de ses parents, qui lui avaient légué une grande fortune. L’Eglise fête sa mémoire le 5 janvier. — *Un mot concernant ce nom propre peu ordinaire : c’est un adjectif féminin substantivé signifiant de l’assemblée. Fréquentatif − c.-à-d. forme marquant la répétition ou la fréquence d’une action − de l’adjectif σύγκλητος / syngkletos, qui, signifiant convoqué, est associé à des mots tels que conseil(βουλή), ἠ Σύγκλητος / hè Sugklètos est l’équivalent grec du latin Senatus, le Sénat de la Rome républicaine. Le nom de la sainte correspond donc au français Sénatoriale. Quant aux adjectifs signifiant saints en grec, ἅγιος / ayios et ὅσιος / ossios, contrairement aux deux degrés de sainteté de l’Eglise romaine, qui distingue un saint d’un bienheureux, l’Eglise orthodoxe réserve l’adjectif ἅγιος aux martyrs et celui d’ὅσιος à ceux qui sont décédés de mort non violente. Cette distinction ne pouvant être conservée en français, ces deux adjectifs sont uniformément traduits par celui de saint. et sainte Marie l’Egyptienne 5Ancienne prostituée ayant vécu au Ve siècle de notre ère, sainte Marie l’Egyptienne est un cas emblématique de pénitence et de conversion radicale à Jésus Christ. A la suite d’un pèlerinage à Jérusalem, à la basilique de la Résurrection, « elle renonça au monde et aux plaisirs » pour aller vivre, quarante-sept ans durant, dans le désert s’étendant au-delà du Jourdain. C’est un cas exemplaire de repentir ascétique menant à la sainteté. Sa fête est célébrée par l’Eglise le cinquième dimanche du Grand Carême. (D’après Le Synaxaire, Vies des saints de l’Eglise orthodoxe, Athènes, 2008 (en français) du hiéromoine [moine prêtre] MACAIRE DE SIMONOS PÉTRAS, un des vingt monastères souverains du Mont-Athos)., qui, à un moment de leur vie, quittèrent tout pour se retirer dans le désert, afin de vivre conformément aux préceptes évangéliques.

Mais pourquoi le désert, et qu’entend-on par ce mot ?

« Les déserts dont il est question dans la Bible ne sont pas comparables aux océans de sable qu’évoque le plus souvent ce terme. Certes, les grands déserts du Sinaï et le désert syro-arabe comportent d’importantes étendues ensablées parfaitement stériles, ainsi que le Néguev ou le désert de Juda lui-même, qui réservent des zones où le sel et le sable ne font place qu’au roc nu. C’est que le nom de désert est aussi facilement donné à toute région inculte, d’aspect sauvage, à la végétation naturelle pauvre, aux points d’eau rares, donc peu propice à l’habitat sédentaire. 

» Considéré comme lieu maudit en raison de sa désolation et du mystère qu’y défend l’hostilité de la nature, le désert est donné pour le domaine des esprits mauvais et d’une faune qui tient d’eux […]. Mais, envisagées d’un autre point de vue, les mêmes défenses naturelles protègent ceux qui s’y fient contre les entreprises d’ennemis éventuels ; le désert est alors considéré comme lieu de refuge : David y fuit la haine de Saül, le prophète Elie, la colère de Jézabel, Mattathias et ses fils, la persécution d’Antiochos IV Epiphane, le psalmiste, la menace et les coups de ses assaillants, la Femme de l’Apocalypse, l’attaque du Dragon…

» Le désert enfin, par l’isolement relatif et l’austérité de vie qu’il impose à ceux qui ont fait vœu d’y vivre, incite à la méditation salutaire et rapproche de Dieu : il devient alors lieu idéal de retraite spirituelle. C’est au désert que Yahvé se manifeste à Moïse et à son peuple, imposant à celui-ci une cure de quarante années 6« Toutes les traditions rendent compte de la notion d’épreuve liée au chiffre 4 ‒ dont la signification profonde et antinomique est celle d’arrêt et de passage : la mise en quarantaine répond à une loi ontologique. Chez les Egyptiens comme dans le monde judéo-chrétien, les quarante jours qui suivent la mort préparent un passage difficile à franchir. […] Dans nos textes sacrés, le peuple hébreu marche quarante années après sa sortie d’Egypte. Le Christ jeûne quarante jours après son baptême, conféré par Jean le Baptiste. Semblablement, quarante jours de jeûne préparent le chrétien orthodoxe <à la Semaine sainte et> à la fête de Pâques, dont le sens étymologique, Pessah en hébreu, est aussi celui de passage. » (Annick de SOUZENELLE, Le Symbolisme du corps humain, Paris, Albin Michel, 1991, pp. 63s.) — En outre, en hébreu, comme en grec d’ailleurs, la numération se fait à l’aide des lettres de l’alphabet ; ainsi la lettre hébraïque Mem (מ), 13e des 22 lettres de l’alphabet hébreu (et phénicien), correspond au chiffre 40. Evoquant par sa forme graphique les vagues se formant à la surface de la mer, que l’on retrouve dans la lettre M tant grecque que latine, elle symbolise l’eau, élément changeant, instable, ambigu même, évoquant cycles et alternances, dont ceux de la vie et de la mort. C’est la raison pour laquelle le terme hébreu mayim / מַיִם, mot-miroir signifiant les eaux, est toujours au pluriel, laissant entendre qu’il existe divers types d’eaux, celles du bas, liées à la matière au sens large, et celles du haut, liées à l’esprit et à la spiritualité. Si le chiffre 4 symbolise le monde manifesté, soit le corps de la nature, multiplié par 10, il en exprime plénitude et perfection. Le Carême de l’Eglise catholique romaine s’étend du Mercredi des Cendres – soit le quarantième jour / quadragesima dies avant Pâques – et dure jusqu’au Samedi saint. — Etymologiquement, le terme de carême vient de l’adjectif numéral ordinal latin quadragesima par l’intermédiaire de la forme restituée du latin populaire *quaresima. C’est l’équivalent latin du numéral ordinal grec tesserakostè (quarantième) [sous-entendu hèmèra (jour) / τεσσερακοστὴ ἡμέρα]. ! C’est le séjour sous les tentesdu désert qu’Il rappelle par la voix de son prophète, pour invoquer l’intimité qui favorisera la réconciliation d’Israël avec Lui, après le pardon des fautes expiées dans l’Exil. Le prophète Elie a fui au désert pour sauver sa vie : il y rencontre Dieu. Se préparant à sa mission dans des endroits déserts, Jean-Baptiste proclamera son message, annonçant l’approche du Royaume des Cieux et baptisant dans les eaux du Jourdain ceux qui viennent à lui, dont Jésus en personne. Avant son ministère, le Christ Lui aussi, poussé par l’Esprit, se retire au désert. Il y est servi par les anges et tenté par le diable, dont l’évocation renvoie à la réputation la plus sinistre, qui fut d’abord celle des lieux déserts. » 7D’après le Dictionnaire de la Bible, s.v. 

Ainsi donc, le désert est l’endroit tout désigné pour celui qui veut désormais consacrer le reste de sa vie à la prière, à l’anéantissement de soi-même et à la repentance 8Ajoutant au repentir l’idée d’une souffrance continuelle, la repentance – en grec métanoia / μετάνοια, terme signifiant, étymologiquement parlant, changement d’état d’esprit, de façon de voir les choses – doit conduire à l’aversion parfaite, à la détestation du péché ; elle  consiste à s’en remettre entièrement à la miséricorde de Dieu. — Autres termes apparentés : la contrition, qui désigne le repentir parfait joignant l’amour de Dieu, que l’on souffre d’avoir offensé. L’attrition, mot aujourd’hui tombé en désuétude, est un « terme de théologie <désignant> un repentir inspiré uniquement par la laideur du péché et la crainte de la punition. » (H. BÉNAC, Dictionnaire des synonymes, Paris, Hachette, 1956-1982, s.v. regret). Contrairement à la contrition, l’attrition révèle un sentiment intéressé. Dans le même registre, la componction – en grec katanyxis / κατάνυξις –  marque une douleur profonde, visible, durable, donnant lieu à une vive contrition. Selon saint Jean Chrysostome, “elle est nécessaire, parce que le péché règne partout sur la terre” (Traité de la componction). Enfin, la résipiscence, terme de style élevé, implique la reconnaissance de la faute et le retour au bien. Ce terme s’emploie dans des locutions telles que venir ou amener qqn à résipiscence.

PAROLES DES ANCIENS 9Tel est le titre du petit livre de Jean-Paul GUY, paru aux éditions du Seuil à Paris en 1976. Il porte en sous-titre Apophtegmes des pères du désert. — Du substantif grec τô ἀπόφθεγμα, τοῦ ἀποφθέγματος / to apophthegma / tou apophthegmatos, signifiant sentence, prétexte, ce mot dérive du verbe ἀποφθέγγομαι / apophtheggomai, qui veut dire déclarer hautement, énoncer une sentence. ET APOPHTEGMES DES PÈRES DU DÉSERT

Textes d’une grande fraîcheur, d’une simplicité biblique 10Par style biblique on entend un “style imitant la simplicité et les tournures hardies de la Bible – hébraïque, vraisemblablement – ou, en mauvaise part, une imitation défectueuse de ce même style” (Emile Littré, Dictionnaire de la langue française, art. biblique). Si le style biblique est considéré comme simple, cela doit tenir aux moyens d’expression de l’hébreu, qui, par comparaison avec une langue beaucoup plus élaborée telle que le grec, semblent bien moins complexes. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter à la traduction française qu’a donnée de la Bible André CHOURAQUI, grand connaisseur des Ecritures, polyglotteoriginaire d’Algérie et de religion juive : on constate en effet, par cette traduction quasi littérale de l’hébreu, combien les moyens d’expression de cette langue sémitique diffèrent de ceux d’une langue indo-européenne.  et d’une réelle profondeur spirituelle, recueillis par des disciples en vue de l’édification de l’âme de tout être humain en quête du Royaume de Dieu, ces sentences ont été prononcées aux IVe et Ve siècles de notre ère par des croyants ayant rompu avec le monde de leur temps et pris leurs distances par rapport aux communautés chrétiennes urbaines, où ils vivaient jusqu’alors ; ils partirent s’établir dans les déserts d’Egypte, où, par l’ascèse 11Ce mot vient du terme grec ἠ ἄσκησις / hè askèsis, qui signifie exercice, pratique et finalement genre de vie ; il a remplacé le mot d’ascétisme, formé sur ascète. — Pour le moine, c’est avant tout la prière. Avec la louange et la révélation des pensées à l’ancien, ce sont les moyens auxquels il recourt pour la purification de son être et l’acquisition des vertus, à l’imitation de la Mère de Dieu (ἡ Θεοτόκος). — Cf. infra, note 13., le jeûne et la prière, ils devinrent pères spirituels. Très peu nombreux au début, ils furent rapidement rejoints par des disciples venus d’un peu partout. En quelques décennies, les cabanes rudimentaires et les grottes dans lesquelles s’étaient installés les premiers ermites attirèrent tellement d’hommes désireux de partager leur existence, étonnés et séduits qu’ils étaient par le genre de vie résolument évangélique que menaient ces ascètes à l’écart de leurs semblables, que de véritables colonies de moines finirent par se constituer dans les déserts, dont les noms sont demeurés célèbres : Scété, Nitrie et la colonie dite des Cellules (en grec Kellia), où vinrent s’établir ceux qui, au désert de Nitrie, ne trouvaient plus la solitude à laquelle ils aspiraient. C’est ainsi que, paradoxalement, d’expérience individuelle qu’ils étaient au départ, ces établissements érémitiques se développèrent peu à peu en véritables centres monastiques, avec tous les problèmes d’organisation et de vie commune que cela ne manqua pas de soulever. Après bien des tâtonnements, la modalité la plus communément admise fut la suivante : chacun passerait la semaine dans son ermitage, tandis que les samedis et dimanches tous se retrouveraient à l’église et dans ses dépendances pour chanter avec les autres frères l’office nocturne, célébrer l’eucharistie et régler quelques questions pratiques dont il fallait bien tenir compte 12C’est encore ainsi que sont organisées les skites athonites, sorte de hameaux monastiques regroupés autour d’une église centrale. Terme grec du féminin, la skitei skiti / ἠ σκήτη  − selon la prononciation de l’époque hellénistique et moderne du grec de la koïnè (κοινή) − est à l’origine un toponyme d’Egypte : Scété. La transcription de ce nom est conforme à la prononciation dite érasmienne du grec ancien, où la lettre η correspond à un è ouvert (il faudrait donc, pour être conséquent, écrire Skètè !). A noter qu’en russe, ce terme est du masculin : le skite,probablement en raison de sa sonorité..  

Le principe de base était que chacun devait vivre de son travail manuel, mais non de n’importe lequel : il fallait en effet que ce travail fût compatible aussi bien avec les possibilités qu’offrait le désert qu’avec les exigences de la prière continuelle et du recueillement. Avec des moyens rudimentaires, l’ascète fabriquait donc des corbeilles, des cordes, des nattes, que l’économe de la colonie monastique était ensuite chargé d’aller vendre pour se procurer en contrepartie quelques produits de subsistance indispensables. 

Le problème le plus important qui se posait aux anciens était cependant d’un tout autre ordre : celui d’apprendre à vivre selon l’évangile à des hommes qui, certes, avaient rompu avec la vie chrétienne des communautés urbaines, mais qui, par ailleurs, ne voulaient pas se plier aux exigences d’une vie monacale conventuelle, où tous les membres de la communauté vivent au rythme d’une règle monastique fixée, comme ce sera le cas par la suite. Faute de normes préétablies auxquelles on pût les renvoyer, et de modèles de référence valables en toute circonstance, il fallait donc trouver un moyen de former les nouveaux venus, qui ne cessaient d’affluer. Question majeure de cette lointaine époque, la nouvelle pédagogie spirituelle découlant de cette nécessité est toujours d’actualité pour quiconque « cherche premièrement le Règne de Dieu et Sa justice » (Matth. 6, 33).  

Premier élément pédagogique : le compagnonnage. Arrivant au désert, le nouveau venu ne peut s’installer comme il veut ni où il veut, mais doit d’abord se mettre à l’école d’un ancien ou vieillard. On entend par là non pas obligatoirement un homme âgé, mais un être d’une grande expérience spirituelle, acquise par une pratique intense de la vie au désert, ascèse qui lui a appris à discerner l’authentique de l’apparent. Avec cet ancien, le novice vivra un compagnonnage de chaque instant, se soumettant entièrement à lui, agissant comme lui, l’imitant humblement en toute chose. Ce n’est en effet qu’en partageant jour après jour la vie d’un homme expérimenté que l’on apprend soi-même à vivre cette nouvelle vie.

Cette dépendance quotidienne, qui présuppose l’abandon complet de toute forme d’égoïsme, d’égocentrisme même, implique également que le néophyte se confiera totalement à son guide spirituel, lui faisant part de toutes ses pensées, bonnes et mauvaises, s’ouvrant à lui de tous ses désirs, de toutes ses intentions ; c’est ainsi que la désappropriation totale de toute forme de pensées 13V. infra, note 31. — On appelle pensées – en grec loyismi / λογισμοί – les idéesles images et les représentations qui s’agitent dans l’esprit de l’homme, le poussant au péché. Or, comme l’enseignent les Pères de l’Eglise, qui ont beaucoup analysé, sur le plan théologique, ce phénomène psychique, lesdites pensées sont d’origine démoniaque. C’est pourquoi il ne faut surtout pas les prendre en considération, mais couper court à toute espèce de dialogue avec les esprits impurs se cachant derrière elles, en évitant d’entrer en matière avec celles-ci. Il faut par la prière « s’en remettre entièrement à la volonté de Dieu, car toute pensée troublant la paix du cœur et semant dans l’âme confusion et désarroi vient de l’Ennemi. » (Saint Sophrony d’Essex). débouche sur une entière transparence, que l’ancien a la faculté, le charisme même de distinguer par la grâce de l’Esprit saint : c’est le don de clairvoyance.

Non seulement le disciple « se libérera de tout quant-à-soi, de tout repli égoïste qui le fermerait au don de Dieu, mais il apprendra aussi, selon une expression qui lui deviendra vite familière, à discerner les esprits, c’est-à-dire à distinguer, au-delà des apparences souvent trompeuses, les mouvements intérieurs venant de l’Esprit de Dieu, ou qui y disposent et auxquels il doit répondre s’il veut vivre saintement. Ainsi apprendra-t-il à lire l’Ecriture et à la laisser éclairer son chemin. A son tour, il deviendra un homme spirituel : tel un fruit mûr se détachant de l’arbre qui l’a produit, un jour il se séparera de l’ancien qui lui a appris à vivre et ira s’installer ailleurs, où, désormais, lui aussi accueillera de nouveaux venus, auxquels il transmettra la sagesse de la vie évangélique. » 14D’après Jean-Paul GUY, op. cit., p. 7. — L’essentiel de cette présentation, emprunté à l’introduction de ce petit ouvrage, a été complété par des éléments puisés principalement à des sources grecques.

« Tout dans cette vie terrestre est lié à nos pensées : toutes nos tâches, tous nos efforts, tous nos mouvements. L’homme s’exprime par des pensées, non par des paroles ; nous ne cessons d’être en conflits de pensées. Notre vie est à l’image des pensées qui nous occupent. »

                                                                                    Ancien et higoumène Thaddée (1914-2003)

Second élément pédagogique : l’autorité particulière conférée à la parole, à celle notamment qui met en rapport deux hommes soucieux de connaître la volonté de Dieu, soit un ancien ayant l’esprit de discernement et un disciple en quête de la voie du salut. Habité par l’Esprit saint, l’ancien, interrogé par le disciple, énonce des propos appelés apophtegmes 15Cf. supra, note 7.. Charismatiques par la grâce de la parole, laquelle fait du premier un éducateur spirituel, les sentences qu’il prononce le sont également par les fruits qu’elles portent chez le second. A condition, cela s’entend, que celui-ci sollicite ces paroles avec foi, dans l’unique désir d’en profiter spirituellement, et non pas mû par la vanité ou la curiosité. Auquel cas, le charisme cesse et l’ancien en est réduit au silence !

Un mot encore sur la genèse de ces recueils d’apophtegmes charismatiques. Appelés littéralement livres d’anciens – γεροντικά – ou livres des pères – πατερικά – ils ont été composés par des disciples ayant recueilli des propos énoncés la plupart du temps par des hommes illettrés ; ces apophtegmes, dont on avait gardé le souvenir, furent d’abord transmis oralement en langue copte 16Langue chamito-sémitique, apparentée à la langue de l’Egypte antique et dérivant de l’égyptien démotique, le copte s’écrit en caractères grecs, auxquels ont été ajoutés des caractères démotiques spécifiques, empruntés à l’égyptien, qui permettent de transcrire certains sons n’existant pas en grec. — C’est très tôt que fut prêché le christianisme en Egypte, où il fut apporté par l’évangéliste Marc, qui mourut en martyr en 68 à Alexandrie. Dès le IIe siècle, l’Evangile fut traduit en copte. C’est à cette époque également que fut fondée, avant 180, par saint Pantaine, philosophe athénien converti au christianisme, l’école catéchétique appelée Didascalée (Διδασκαλεῖον), où furent formés Clément d’Alexandrie (env. 150-215), philosophe et lettré grec converti au christianisme, qui lui succéda, ainsi qu’Origène (environ 185-env. 253), élève de ce dernier, dont il prit la succession., mais très vite on éprouva le besoin de les mettre par écrit, afin que ce qui avait été profitable aux uns le fût également à d’autres. C’est ainsi que des lettrés les ont transcrits, constituant de véritables florilèges qui ne cessaient de s’enrichir au fil du temps 17Collection de plus d’un millier d’historiettes, celles-ci étaient très populaires d’abord chez les premiers moines chrétiens, puis, grâce à la diffusion massive dont elles firent l’objet, dans des cercles chrétiens toujours plus étendus.. Au point que, dans la première moitié du Ve siècle, le nombre en devint si considérable que le besoin d’un classement se fit impérieusement sentir. Mais classer selon quels critères ? 

Deux méthodes furent adoptées : le classement des sentences par “auteur”, dans l’ordre alphabétique des lettres grecques, et le classement par thèmes ou sujets de ces maximes, lesquelles étaient regroupées en une vingtaine de chapitres, correspondant à autant de vertus ou de pratiques de la vie érémitique.  Outre de nombreux manuscrits grecs (papyrus), dont les Paroles ascétiques d’Abba Isaïe  – le grec étant, pour diverses raisons, la langue “officielle” de l’Eglise primitive 18C’était la seconde langue officielle de l’Empire romain à la suite de la diffusion du grec en Orient par les conquêtes d’Alexandre le Grand(356-323 av. J.-C.), dont le précepteur fut Aristote lui-même. C’est pourquoi le roi de Macédoine choisit le dialecte attique comme langue officielle de son empire, contribuant ainsi à la diffusion de la langue prestigieuse de la province d’Athènes dans toute la partie orientale de celui-ci. – ces textes, dont le plus ancien date du IVe siècle, nous ont également été transmis dans une recension en langue guèze, ou éthiopien classique 19Comme le copte, l’éthiopien ancien, originaire du sud de l’Erythrée et du nord de l’Ethiopie, appartient au groupe linguistique chamito-sémitique, lequel se rattache aux langues sémitiques parlées jusqu’au IVe siècle dans la Corne de l’Afrique. Le guèze est la langue liturgique de l’Eglise orthodoxe, éthiopienne et érythréenne principalement, dont les célébrations se font sous une forme africanisée du rite copte. — La langue guèze, toujours en usage sous différents noms, s’écrit à l’aide d’un système alphasyllabique appelé alphasyllabaire éthiopien, chaque graphème représentant la combinaison d’une consonne et d’une voyelle. Aux 26 signes consonantiques de base, portés au nombre de 35 pour les besoins graphiques de certaines langues, s’ajoutent 7 variations vocaliques. Le nombre total de caractères peut donc varier de 182 à 245, selon les langues utilisant le système d’écriture du guèze..

Tant les recueils alphabétiques que les anthologies thématiques connurent un très vif succès, ce dont témoigne le grand nombre de copies manuscrites. Très vite on les traduisit dans d’autres idiomes de l’Eglise ancienne et médiévale, en latin notamment 20Les premières traductions latines, partielles cependant, datent des VIe et VIIsiècle. Citons entre autres celle de saint Paschasios, diacre de l’Eglise de Rome († 512), qui ne traduisit qu’un cinquième de l’original grec. Il faudra attendre le XVIIe siècle et le jésuite néerlandais Heribert Rosweyde pour que paraisse, en 1628, sous le titre Vitae Patrum [Vies des Pères] toutes les sources disponibles d’apophtegmes des pères du désert. — Et le succès perdure de nos jours, ce qu’attestent les traductions dans de nombreuses langues modernes. . Ajoutons enfin que ces dits et faits des pères du désert, regroupés au début un peu n’importe comment et sans plan préétabli, n’ont pas la prétention de dispenser un enseignement cohérent et structuré. Au contraire : en raison même de la variété des sentences et de la grande diversité de ceux qui les prononcèrent, les discordances ne sont pas exclues, le but étant avant tout d’instaurer un dialogue personnel de tel ou tel lecteur avec tel ou tel ancien, ce que permet le classement alphabétique, dont les personnages sont autant de personnalités entre lesquelles le consultant peut choisir son maître à penser, son guide spirituel. « Ce sont ces maîtres qui sont les premiers : ils valent par eux-mêmes, indépendamment de ce qu’ils disent, serait-on tenté d’ajouter. » 21Jean-Paul GUY, op. cit., p. 10.

Bientôt toutefois s’opère un glissement, que reflète le classement par thèmes, les apophtegmes étant regroupés dans une suite de chapitres illustrant une évolution spirituelle. Le compilateur faisant dès lors œuvre d’interprète intervient non seulement dans le regroupement des sentences, mais aussi dans la disposition de celles-ci, en retranchant certaines, en réorganisant d’autres selon la destination de la collection qu’il élaborait, l’idée étant d’en faire surgir une doctrine. Cet aspect est particulièrement sensible dans les collections conservées en latin, organisées selon un plan méthodique. C’est que ces textes, qui tirent leur origine des déserts du Proche-Orient, sont désormais destinés à l’édification spirituelle de communautés monastiques, servant de lectures et proposant aux moines des sujets de méditation durant les repas qu’ils prennent ensemble au réfectoire du couvent. 

Mais le sort de ces textes ne s’arrête pas là : les premiers grands docteurs de la spiritualité monastique, Jean Cassien, Abba Isaïe de Scété, Dorothée de Gaza, allant au-delà du regroupement des textes, afin d’en faire surgir une doctrine, développent, explicitent et actualisent le sens de telle ou telle parole, s’appuyant sur elle pour élaborer un enseignement religieux, fondant ainsi une spiritualité en l’ancrant dans une tradition éprouvée. Enfin, dernière utilité de ces collections : servir de recueils d’exemples confirmant ou illustrant des points de doctrine chrétienne.

« Mettre en relation avec un maître spirituel, faire surgir et évoquer une doctrine, fonder et authentifier un enseignement, illustrer une leçon : quatre fonctions différentes qui semblent aller de pair avec une certaine dégradation de ce genre littéraire, dès lors que l’on passe du particulier et de l’oral à l’écrit et à l’universel. Telle est l’évolution de toute une spiritualité, qui éprouve d’autant moins le besoin de revenir à ses sources qu’elle se croit plus assurée d’elle-même. La littérature des déserts d’Egypte n’est décidément pas une littérature comme les autres. Pour la comprendre  dans toute sa profondeur, il faut remonter dans le temps et le long des étapes de cette évolution. (…) Pratiqués comme l’instrument d’une rencontre des maîtres spirituels, avec qui, <par-delà les siècles et en dépit de l’éloignement géographique > un dialogue est possible, parce qu’il ne demande rien de plus – ni rien de moins ! – que le désir d’une vie intensément vécue, les apophtegmes des pères du désert prennent alors tout leur sens pour tout un chacun. Cette littérature on ne peut plus actuelle, pour autant qu’elle incite le lecteur à la vie, ne présuppose de sa part rien d’autre que le désir de vivre selon Dieu 22D’après Jean-Paul GUY, op. cit., p. 11s..

PROLOGUE [ANONYME] DU LIVRE DES PAROLES DES ANCIENS

« Dans ce livre, on rapporte l’ascèse vertueuse et l’admirable façon de vivre, ainsi que les paroles des saints et bienheureux Pères. On le fait pour enflammer et éduquer ceux qui veulent se bien diriger en imitant leurs vies célestes et parcourir le chemin qui mène au Royaume des cieux. Il faut donc savoir que les saints Pères, qui furent initiateurs et maîtres de cette bienheureuse vie des moines, entièrement embrasés par l’amour divin et céleste et ne comptant pour rien tout ce qui, chez les hommes, est beau et estimable, s’efforcèrent par-dessus tout de ne rien faire par vaine gloire. C’est en échappant aux regards et par humilité extrême, tenant cachées la plupart de leurs bonnes œuvres, qu’ils suivirent la Voie 23Terme dont on désignait le christianisme dans le livre néotestamentaire des Actes des apôtres. selon Dieu. 

Aussi personne n’a-t-il pu nous décrire leur vie avec précision ; ceux qui, en revanche, se donnèrent le plus de mal à leur propos se contentèrent de mettre par écrit quelques fragments de leurs paroles ou de leurs actions les meilleures. Ils ne le firent pas pour leur être agréables, mais s’efforcèrent seulement de réveiller le zèle de leurs successeurs. Nombreux donc furent ceux qui, à diverses époques, mirent en forme de récit, dans un style simple et sans apprêt, ces paroles et actions vertueuses des saints vieillards. Ils n’avaient qu’un seul but : édifier un grand nombre de croyants.  

Or, comme un récit élaboré par plusieurs auteurs est confus et sans ordre, ne favorisant pas l’attention du lecteur, dont l’esprit, tiraillé de toutes parts, ne saurait conserver le souvenir de ce qui est dispersé dans ce livre, nous avons été amené, de ce fait, à présenter la matière par chapitres. Cet ordre permet une meilleure compréhension et dispose ceux qui le veulent à tirer profit de leur lecture. 

Par conséquent, ce qui concerne Antoine, Arsène, Agathon, et tous ceux dont le nom commence par la lettre alpha, se trouve dans le chapitre A ; semblablement, pour Bessarion, Benjamin, etc., dans le chapitre Bêta, et ainsi de suite, jusqu’au chapitre Oméga. » 

Ajoutons, pour clore cette présentation, que ces courtes sentences, dénuées de toute prétention stylistique et littéraire, parfaitement accessibles à tout un chacun et allant directement à l’essentiel, parlent au cœur même du chrétien d’aujourd’hui, raison pour laquelle les apophtegmes, prononcés il y plus de dix-sept siècles, sont toujours d’actualité, répondant à des questions vitales que se pose le croyant de chaque époque,  à tout moment de son existence. 

Comme les psaumes bibliques, qui reflètent parfaitement la condition humaine, comme l’Evangile, où, si l’on y prête bien attention, se trouvent les réponses à toutes les questions que se pose sur le sens et le but de sa vie celui qui veut suivre Jésus Christ, les apophtegmes peuvent nous accompagner et nous guider jour après jour, jusqu’au dernier…

TEXTES ET CITATIONS

Le désert n’est pas un espace vide, mais le jardin où l’Esprit marque de son sceau le cœur du vieil homme 24Au sens figuré, le vieil homme est une métaphore à laquelle recourt l’apôtre Paul dans trois passages de ses épîtres : a) Rm 6, 6 : où elle désigne l’être humain pécheur, qui a été crucifié avec Jésus Christ ; par Sa résurrection, nous sommes appelés à mener une vie nouvelle (ibid. v. 5) et b) “ à nous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses” (Eph. 4, 22) ; c) “< nous> étant dépouillés du vieil homme, avec ses pratiques, <nous> avons revêtu l’homme nouveau, celui qui, pour accéder à la connaissance, ne cesse d’être renouvelé à l’image de son Créateur” (Col. 3, 9s.). d’un Nom nouveau. Le silence n’est pas un temps muet, mais un état vierge par lequel l’homme 25Il est entendu que, dans tous ces emplois, homme est un terme générique désignant tout être humain ! rencontre l’éternité. Instant qu’on ne peut ni arrêter, ni décrire, ni posséder. Tout le démontre, mais rien ne le montre. Le désert est l’espace que je porte, qui me sépare de Toi. Je le franchis par une implosion d’Amour. (Frère Jean)

On demande parfois au moine : « Pourquoi avez-vous fui le monde ? » – Je n’ai pas fui le monde, je suis au contraire dans le monde, dans cette dimension plus intime, qui me place spontanément en 9harmonie avec le cœur des choses. Ce que j’ai fui, c’est la banalité, un activisme effréné pour des causes vides, m’engager pour des idées abstraites qui font de moi un absent ; dire sans avoir vécu, agir au niveau de l’apparence, à l’extérieur de moi-même, m’idolâtrer ou jalouser autrui. Le misanthrope qui refuse le monde ou le révolté qui rejette Dieu se nient en réalité eux-mêmes. 

Le moine ne fuit pas le monde, il l’accomplit. Se purifiant, il éclaire le monde par la Sage Justice, qu’il incarne avec discernement. (Frère Jean)

La vie du moine est une réduction à la simplicité, plutôt qu’une sortie du créé. C’est une expérience globale de sa personne vers une Union. L’âme, poussée par le désir, franchit la porte au-delà d’elle-même, dans le cœur. Se dépassant, elle désire davantage. Cette attitude existentielle lui permet de franchir sans s’y dissoudre l’abîme de l’incognoscibilité de Dieu 26L’incognoscibilité de Dieu est le fait que Dieu ne peut absolument pas être connu de l’homme.: l’union devient communion.

                                                                                                                                          (Frère Jean)

L’ascèse est une prière, qui me permet de vérifier d’une façon concrète la distance intérieure me séparant de l’Epoux. Elle n’est jamais liée à la performance ni au mérite. Elle demeure secrète, ou du moins discrète. Le seul complice du combat spirituel demeure le père spirituel, à qui le disciple révèle chacune de ses pensées. Sans juger, les autres moines participent aux efforts d’un frère par leur silence, par leur patience, leur amour et leurs prières, jamais par leurs critiques. […]

L’ascèse est un combat d’amour que l’homme livre en lui-même. Ses armes sont l’humilité, l’obéissance, la charité et la persévérance. L’ascète témoigne du Royaume en parachevant l’œuvre divine. (Frère Jean)

La liberté est un germe qui précède la création. « Dieu peut tout sauf contraindre l’homme à L’aimer. » Je demeure libre de ma réponse : je peux dire non à Dieu et vendre mon âme au diable. Je peux dire oui et porter ma croix jusqu’au sommet du Crâne 27 C’est au sommet de la colline du Golgotha, dont le nom signifie Lieu du Crâne, qu’ont été dressées trois croix, dont celle du Fils de Dieu.. Le Christ me révèle le chemin de la déification : routes à creuser dans ma chair, fardeaux à abandonner, désert à conquérir, puissances à combattre, séductions à éviter. Tout est dit par le Maître. Je dois à mon tour accomplir la Pâque, vivre librement une certaine mort en moi-même, pour toucher, par grâce, ma vie. (Frère Jean)

Le Christ est venu sur la terre pour montrer que le contraire de la mort n’est pas la vie, mais que le contraire de la mort, c’est la naissance et que l’homme, entre la naissance et la  mort, c’est-à-dire pendant son existence, peut toucher sa vie, qui, elle, est appelée à l’immortalité. Le tombeau est un creuset, un lieu de passage obligé, un pont entre deux abîmes, qui engloutit ou transfigure celui qui s’y engage. Pour la première fois, dans le silence absolu, l’homme seul est nu en face de lui-même. C’est la mort elle-même qui pousse la Vie à naître. (Frère Jean)

Le signe de la Croix unit dans les trois doigts joints le Mystère de la Trinité et révèle dans les deux autres les deux Natures du Christ. Haut –  Bas – Droite – Gauche 28Description et explication du signe de croix orthodoxe.

Que l’Esprit descende dans le cœur et y trouve le Repos, et que l’homme s’appuie sur la Force et la Miséricorde divines. Crucifié, j’ouvre par ce signe d’Amour la Porte qui me révèle le passage entre deux Eaux 29Allusion au franchissement à pied sec de la mer des Joncs – souvent identifiée à la mer Rouge, notamment à la partie nord de celle-ci (golfes de Suez et d’Akaba) – par les Hébreux, en route pour la Terre promise et poursuivis par les Egyptiens, sur qui Dieu referma les eaux qu’Il avait séparées, afin d’ouvrir à son peuple le passage sur la rive opposée, « les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. » (Exode, 14, 22). Le récit de cette souveraine intervention divine se trouve aux versets 15 à 30 du 14e chapitre de l’Exode, deuxième livre du Pentateuque., jusqu’à la Terre promise, au-delà de mon propre désert. (Frère Jean)

 Tourne-Toi vers moi ; aie pitié,
Car je suis solitaire et humilié 30 Psaume 25/24, verset 16. « Pathétique solitude de l’homme sans Elohims, nécessairement humilié en cela. C’est dans la solitude et dans la pauvreté seules que peut s’élaborer le mystère de la libération d’une âme vivante. » (André CHOURAQUI, Les Psaumes, Louanges, éd. du Rocher, p. 156)..

                                                                                                             Jean-Jacques Richard

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE

  • Jean-Paul GUY,  Paroles des Anciens, apophtegmes des pères du désert, Paris, éditions du Seuil, 1976.
  • Jean-Yves LELOUP, Philocalie des Pères du désert, initiation à la sobriété de l’âme, Paris, Albin Michel, 2023.
  • Frère JEAN, Hommes de lumière, Paris, éditions Mame, 1988. Ouvrage illustré de photographies de l’auteur 31Frère Jean est un moine orthodoxe de la Laure de Saint-Sabba, du désert de Judas en Israël..
  • Starets THADDÉE, Paix et joie dans le Saint-Esprit — Enseignement, homélies, entretiens, Lausanne, éditions l’Age d’Homme, coll. Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle, 2010 32Cet ouvrage, malheureusement épuisé, présente l’enseignement remarquable que le grand starets serbe a développé à l’intention du croyant d’aujourd’hui concernant le rôle écrasant que jouent dans la vie de tout être humain les pensées – en grec loyismi / λογισμοί – soit les idéesles images et les représentations qui s’agitent dans son esprit. (V. aussi supra, note 13)..
  • Adalbert-Gautier HAMMAN, Prières des premiers chrétiens, éd. Desclée de Brouwer, 1980, coll. « Quand vous prierez », nouvelle édition, entièrement refondue, de celle de 1952.
  • Το Μέγα Γεροντικόν, 1ος τόμος, θεματική συλλογή : κείμενο, μετάφραση, σχόλια.
  • Οι λογισμοί καθορίζουν τη ζωή μας — Βίος και διδαχές του Γέροντα Θαδδαίου της Βιτοβνίτσα 2012, εκδοτικός οίκος Ἐν Πλῷ.
  • 1
    Iliade, chant 1, vers 26 & Odyssée, chant 3, v. 226.
  • 2
    Iliade, chant 2, vers 53 & ch. 4, v. 344, ainsi que Odyssée, chant 2, v. 14, etc.
  • 3
    André-Marie GÉRARD, Dictionnaire de la Bible, Paris, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1989, s.v.
  • 4
    Sainte Synclétique*/ Ὁσία Συγκλητική, dont la famille pieuse et aisée, d’origine macédonienne, s’était établie à Alexandrie, naquit en 270 (ou, selon certains, en 340 !) et mourut à plus de quatre-vingts ans, soit durant le patriarcat de saint Athanase le Grand (296-373), qui rédigea sa Vie, ainsi que celle de saint Antoine. Considérée comme la fondatrice du monachisme féminin, elle exerça sur les moniales rassemblées autour d’elle un rayonnement spirituel comparable à celui de saint Antoine le Grand. S’étant vouée corps et âme à Jésus Christ, le divin Epoux, s’imposant la plus grande ascèse, elle exerça avec abnégation l’amour du prochain, soulageant tous les pauvres et déshérités que Dieu mettait sur son chemin après la mort de ses parents, qui lui avaient légué une grande fortune. L’Eglise fête sa mémoire le 5 janvier. — *Un mot concernant ce nom propre peu ordinaire : c’est un adjectif féminin substantivé signifiant de l’assemblée. Fréquentatif − c.-à-d. forme marquant la répétition ou la fréquence d’une action − de l’adjectif σύγκλητος / syngkletos, qui, signifiant convoqué, est associé à des mots tels que conseil(βουλή), ἠ Σύγκλητος / hè Sugklètos est l’équivalent grec du latin Senatus, le Sénat de la Rome républicaine. Le nom de la sainte correspond donc au français Sénatoriale. Quant aux adjectifs signifiant saints en grec, ἅγιος / ayios et ὅσιος / ossios, contrairement aux deux degrés de sainteté de l’Eglise romaine, qui distingue un saint d’un bienheureux, l’Eglise orthodoxe réserve l’adjectif ἅγιος aux martyrs et celui d’ὅσιος à ceux qui sont décédés de mort non violente. Cette distinction ne pouvant être conservée en français, ces deux adjectifs sont uniformément traduits par celui de saint.
  • 5
    Ancienne prostituée ayant vécu au Ve siècle de notre ère, sainte Marie l’Egyptienne est un cas emblématique de pénitence et de conversion radicale à Jésus Christ. A la suite d’un pèlerinage à Jérusalem, à la basilique de la Résurrection, « elle renonça au monde et aux plaisirs » pour aller vivre, quarante-sept ans durant, dans le désert s’étendant au-delà du Jourdain. C’est un cas exemplaire de repentir ascétique menant à la sainteté. Sa fête est célébrée par l’Eglise le cinquième dimanche du Grand Carême. (D’après Le Synaxaire, Vies des saints de l’Eglise orthodoxe, Athènes, 2008 (en français) du hiéromoine [moine prêtre] MACAIRE DE SIMONOS PÉTRAS, un des vingt monastères souverains du Mont-Athos).
  • 6
    « Toutes les traditions rendent compte de la notion d’épreuve liée au chiffre 4 ‒ dont la signification profonde et antinomique est celle d’arrêt et de passage : la mise en quarantaine répond à une loi ontologique. Chez les Egyptiens comme dans le monde judéo-chrétien, les quarante jours qui suivent la mort préparent un passage difficile à franchir. […] Dans nos textes sacrés, le peuple hébreu marche quarante années après sa sortie d’Egypte. Le Christ jeûne quarante jours après son baptême, conféré par Jean le Baptiste. Semblablement, quarante jours de jeûne préparent le chrétien orthodoxe <à la Semaine sainte et> à la fête de Pâques, dont le sens étymologique, Pessah en hébreu, est aussi celui de passage. » (Annick de SOUZENELLE, Le Symbolisme du corps humain, Paris, Albin Michel, 1991, pp. 63s.) — En outre, en hébreu, comme en grec d’ailleurs, la numération se fait à l’aide des lettres de l’alphabet ; ainsi la lettre hébraïque Mem (מ), 13e des 22 lettres de l’alphabet hébreu (et phénicien), correspond au chiffre 40. Evoquant par sa forme graphique les vagues se formant à la surface de la mer, que l’on retrouve dans la lettre M tant grecque que latine, elle symbolise l’eau, élément changeant, instable, ambigu même, évoquant cycles et alternances, dont ceux de la vie et de la mort. C’est la raison pour laquelle le terme hébreu mayim / מַיִם, mot-miroir signifiant les eaux, est toujours au pluriel, laissant entendre qu’il existe divers types d’eaux, celles du bas, liées à la matière au sens large, et celles du haut, liées à l’esprit et à la spiritualité. Si le chiffre 4 symbolise le monde manifesté, soit le corps de la nature, multiplié par 10, il en exprime plénitude et perfection. Le Carême de l’Eglise catholique romaine s’étend du Mercredi des Cendres – soit le quarantième jour / quadragesima dies avant Pâques – et dure jusqu’au Samedi saint. — Etymologiquement, le terme de carême vient de l’adjectif numéral ordinal latin quadragesima par l’intermédiaire de la forme restituée du latin populaire *quaresima. C’est l’équivalent latin du numéral ordinal grec tesserakostè (quarantième) [sous-entendu hèmèra (jour) / τεσσερακοστὴ ἡμέρα].
  • 7
    D’après le Dictionnaire de la Bible, s.v. 
  • 8
    Ajoutant au repentir l’idée d’une souffrance continuelle, la repentance – en grec métanoia / μετάνοια, terme signifiant, étymologiquement parlant, changement d’état d’esprit, de façon de voir les choses – doit conduire à l’aversion parfaite, à la détestation du péché ; elle  consiste à s’en remettre entièrement à la miséricorde de Dieu. — Autres termes apparentés : la contrition, qui désigne le repentir parfait joignant l’amour de Dieu, que l’on souffre d’avoir offensé. L’attrition, mot aujourd’hui tombé en désuétude, est un « terme de théologie <désignant> un repentir inspiré uniquement par la laideur du péché et la crainte de la punition. » (H. BÉNAC, Dictionnaire des synonymes, Paris, Hachette, 1956-1982, s.v. regret). Contrairement à la contrition, l’attrition révèle un sentiment intéressé. Dans le même registre, la componction – en grec katanyxis / κατάνυξις –  marque une douleur profonde, visible, durable, donnant lieu à une vive contrition. Selon saint Jean Chrysostome, “elle est nécessaire, parce que le péché règne partout sur la terre” (Traité de la componction). Enfin, la résipiscence, terme de style élevé, implique la reconnaissance de la faute et le retour au bien. Ce terme s’emploie dans des locutions telles que venir ou amener qqn à résipiscence.
  • 9
    Tel est le titre du petit livre de Jean-Paul GUY, paru aux éditions du Seuil à Paris en 1976. Il porte en sous-titre Apophtegmes des pères du désert. — Du substantif grec τô ἀπόφθεγμα, τοῦ ἀποφθέγματος / to apophthegma / tou apophthegmatos, signifiant sentence, prétexte, ce mot dérive du verbe ἀποφθέγγομαι / apophtheggomai, qui veut dire déclarer hautement, énoncer une sentence.
  • 10
    Par style biblique on entend un “style imitant la simplicité et les tournures hardies de la Bible – hébraïque, vraisemblablement – ou, en mauvaise part, une imitation défectueuse de ce même style” (Emile Littré, Dictionnaire de la langue française, art. biblique). Si le style biblique est considéré comme simple, cela doit tenir aux moyens d’expression de l’hébreu, qui, par comparaison avec une langue beaucoup plus élaborée telle que le grec, semblent bien moins complexes. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter à la traduction française qu’a donnée de la Bible André CHOURAQUI, grand connaisseur des Ecritures, polyglotteoriginaire d’Algérie et de religion juive : on constate en effet, par cette traduction quasi littérale de l’hébreu, combien les moyens d’expression de cette langue sémitique diffèrent de ceux d’une langue indo-européenne. 
  • 11
    Ce mot vient du terme grec ἠ ἄσκησις / hè askèsis, qui signifie exercice, pratique et finalement genre de vie ; il a remplacé le mot d’ascétisme, formé sur ascète. — Pour le moine, c’est avant tout la prière. Avec la louange et la révélation des pensées à l’ancien, ce sont les moyens auxquels il recourt pour la purification de son être et l’acquisition des vertus, à l’imitation de la Mère de Dieu (ἡ Θεοτόκος). — Cf. infra, note 13.
  • 12
    C’est encore ainsi que sont organisées les skites athonites, sorte de hameaux monastiques regroupés autour d’une église centrale. Terme grec du féminin, la skitei skiti / ἠ σκήτη  − selon la prononciation de l’époque hellénistique et moderne du grec de la koïnè (κοινή) − est à l’origine un toponyme d’Egypte : Scété. La transcription de ce nom est conforme à la prononciation dite érasmienne du grec ancien, où la lettre η correspond à un è ouvert (il faudrait donc, pour être conséquent, écrire Skètè !). A noter qu’en russe, ce terme est du masculin : le skite,probablement en raison de sa sonorité.
  • 13
    V. infra, note 31. — On appelle pensées – en grec loyismi / λογισμοί – les idéesles images et les représentations qui s’agitent dans l’esprit de l’homme, le poussant au péché. Or, comme l’enseignent les Pères de l’Eglise, qui ont beaucoup analysé, sur le plan théologique, ce phénomène psychique, lesdites pensées sont d’origine démoniaque. C’est pourquoi il ne faut surtout pas les prendre en considération, mais couper court à toute espèce de dialogue avec les esprits impurs se cachant derrière elles, en évitant d’entrer en matière avec celles-ci. Il faut par la prière « s’en remettre entièrement à la volonté de Dieu, car toute pensée troublant la paix du cœur et semant dans l’âme confusion et désarroi vient de l’Ennemi. » (Saint Sophrony d’Essex).
  • 14
    D’après Jean-Paul GUY, op. cit., p. 7. — L’essentiel de cette présentation, emprunté à l’introduction de ce petit ouvrage, a été complété par des éléments puisés principalement à des sources grecques.
  • 15
    Cf. supra, note 7.
  • 16
    Langue chamito-sémitique, apparentée à la langue de l’Egypte antique et dérivant de l’égyptien démotique, le copte s’écrit en caractères grecs, auxquels ont été ajoutés des caractères démotiques spécifiques, empruntés à l’égyptien, qui permettent de transcrire certains sons n’existant pas en grec. — C’est très tôt que fut prêché le christianisme en Egypte, où il fut apporté par l’évangéliste Marc, qui mourut en martyr en 68 à Alexandrie. Dès le IIe siècle, l’Evangile fut traduit en copte. C’est à cette époque également que fut fondée, avant 180, par saint Pantaine, philosophe athénien converti au christianisme, l’école catéchétique appelée Didascalée (Διδασκαλεῖον), où furent formés Clément d’Alexandrie (env. 150-215), philosophe et lettré grec converti au christianisme, qui lui succéda, ainsi qu’Origène (environ 185-env. 253), élève de ce dernier, dont il prit la succession.
  • 17
    Collection de plus d’un millier d’historiettes, celles-ci étaient très populaires d’abord chez les premiers moines chrétiens, puis, grâce à la diffusion massive dont elles firent l’objet, dans des cercles chrétiens toujours plus étendus.
  • 18
    C’était la seconde langue officielle de l’Empire romain à la suite de la diffusion du grec en Orient par les conquêtes d’Alexandre le Grand(356-323 av. J.-C.), dont le précepteur fut Aristote lui-même. C’est pourquoi le roi de Macédoine choisit le dialecte attique comme langue officielle de son empire, contribuant ainsi à la diffusion de la langue prestigieuse de la province d’Athènes dans toute la partie orientale de celui-ci.
  • 19
    Comme le copte, l’éthiopien ancien, originaire du sud de l’Erythrée et du nord de l’Ethiopie, appartient au groupe linguistique chamito-sémitique, lequel se rattache aux langues sémitiques parlées jusqu’au IVe siècle dans la Corne de l’Afrique. Le guèze est la langue liturgique de l’Eglise orthodoxe, éthiopienne et érythréenne principalement, dont les célébrations se font sous une forme africanisée du rite copte. — La langue guèze, toujours en usage sous différents noms, s’écrit à l’aide d’un système alphasyllabique appelé alphasyllabaire éthiopien, chaque graphème représentant la combinaison d’une consonne et d’une voyelle. Aux 26 signes consonantiques de base, portés au nombre de 35 pour les besoins graphiques de certaines langues, s’ajoutent 7 variations vocaliques. Le nombre total de caractères peut donc varier de 182 à 245, selon les langues utilisant le système d’écriture du guèze.
  • 20
    Les premières traductions latines, partielles cependant, datent des VIe et VIIsiècle. Citons entre autres celle de saint Paschasios, diacre de l’Eglise de Rome († 512), qui ne traduisit qu’un cinquième de l’original grec. Il faudra attendre le XVIIe siècle et le jésuite néerlandais Heribert Rosweyde pour que paraisse, en 1628, sous le titre Vitae Patrum [Vies des Pères] toutes les sources disponibles d’apophtegmes des pères du désert. — Et le succès perdure de nos jours, ce qu’attestent les traductions dans de nombreuses langues modernes.
  • 21
    Jean-Paul GUY, op. cit., p. 10.
  • 22
    D’après Jean-Paul GUY, op. cit., p. 11s.
  • 23
    Terme dont on désignait le christianisme dans le livre néotestamentaire des Actes des apôtres.
  • 24
    Au sens figuré, le vieil homme est une métaphore à laquelle recourt l’apôtre Paul dans trois passages de ses épîtres : a) Rm 6, 6 : où elle désigne l’être humain pécheur, qui a été crucifié avec Jésus Christ ; par Sa résurrection, nous sommes appelés à mener une vie nouvelle (ibid. v. 5) et b) “ à nous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses” (Eph. 4, 22) ; c) “< nous> étant dépouillés du vieil homme, avec ses pratiques, <nous> avons revêtu l’homme nouveau, celui qui, pour accéder à la connaissance, ne cesse d’être renouvelé à l’image de son Créateur” (Col. 3, 9s.).
  • 25
    Il est entendu que, dans tous ces emplois, homme est un terme générique désignant tout être humain ! 
  • 26
    L’incognoscibilité de Dieu est le fait que Dieu ne peut absolument pas être connu de l’homme.
  • 27
    C’est au sommet de la colline du Golgotha, dont le nom signifie Lieu du Crâne, qu’ont été dressées trois croix, dont celle du Fils de Dieu.
  • 28
    Description et explication du signe de croix orthodoxe.
  • 29
    Allusion au franchissement à pied sec de la mer des Joncs – souvent identifiée à la mer Rouge, notamment à la partie nord de celle-ci (golfes de Suez et d’Akaba) – par les Hébreux, en route pour la Terre promise et poursuivis par les Egyptiens, sur qui Dieu referma les eaux qu’Il avait séparées, afin d’ouvrir à son peuple le passage sur la rive opposée, « les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche. » (Exode, 14, 22). Le récit de cette souveraine intervention divine se trouve aux versets 15 à 30 du 14e chapitre de l’Exode, deuxième livre du Pentateuque.
  • 30
    Psaume 25/24, verset 16. « Pathétique solitude de l’homme sans Elohims, nécessairement humilié en cela. C’est dans la solitude et dans la pauvreté seules que peut s’élaborer le mystère de la libération d’une âme vivante. » (André CHOURAQUI, Les Psaumes, Louanges, éd. du Rocher, p. 156).
  • 31
    Frère Jean est un moine orthodoxe de la Laure de Saint-Sabba, du désert de Judas en Israël.
  • 32
    Cet ouvrage, malheureusement épuisé, présente l’enseignement remarquable que le grand starets serbe a développé à l’intention du croyant d’aujourd’hui concernant le rôle écrasant que jouent dans la vie de tout être humain les pensées – en grec loyismi / λογισμοί – soit les idéesles images et les représentations qui s’agitent dans son esprit. (V. aussi supra, note 13).
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